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« Les hommes politiques feraient mieux d’écouter la voix du peuple », dixit Lt-col Yacouba Zida

Au cours d’une cérémonie qualifiée de « Forum des forces vives et des forces de défense et de sécurité sur l’approbation de la charte de la transition », présidée par le Lt-col Yacouba Zida, la charte qui doit régir la transition politique en complément à la Constitution du 2 juin 1991, a été approuvée et signée. A l’occasion, le chef de l’Etat a livré sous des applaudissements sans cesse nourries, un discours interpellateur à plus d’un titre.

C’était dans l’après-midi du dimanche 16 novembre 2014, « jour béni de Dieu », à la Maison du peuple de Ouagadougou en présence des autorités coutumières et religieuses, du ministre sénégalais des Affaires étrangères représentant le président Macky Sall, des leaders de partis politiques dont Amadou Dabo de l’UNDD représentant l’ex-majorité, des acteurs de la société civile, des représentants des forces de défense et de sécurité, des présidents d’institutions dont Ernest Paramanga Yonli, président du Conseil économique et social (CES).

C’est un jour tant attendu ; celui de la validation définitive – à travers la signature - de la charte de la transition. Et ce jour aura donc été le 16 novembre 2014 qui, de l’avis de Me Bénéwendé Stanislas Sankara, président de l’UNIR/PS (l’Union pour la renaissance/ parti sankariste) « est un jour béni de Dieu ». En tout cas, ce jour aura marqué le point de départ véritable de la transition politique de 12 mois que notre pays devra traverser. Ce jour en effet, il était 16h14mn lorsque le Lieutenant-colonel Yacouba Zida, chef de l’Etat, faisait son entrée dans la grande salle de la Maison du peuple. L’hymne national aussitôt entonné, le Lt-col Zida le termina le point en l’air.
S’en est suivie la lecture de la charte. Une lecture faite par l’un des rapporteurs de la commission qui l’a élaborée, Ablassé Ouédraogo, président du parti Le Faso Autrement. Et c’est par un tonnerre d’acclamations que ladite charte a été approuvée. Puis, sa signature. Zéphirin Diabré, président de l’UPC (Union pour le progrès et le changement) par ailleurs Chef de file de l’opposition politique, l’a signée par le compte des partis politiques affiliés au CFOP ; Amadou Dabo pour le compte de l’ex-majorité. Le professeur Luc Marius Ibriga en a fait autant au nom de la société ; le Lt-col Zida en tant que chef de l’Etat, sans doute aussi pour le compte des forces de défense et de sécurité ; et le pasteur Henri Yé pour le compte des autorités coutumières et religieuses.

Les Burkinabè ne sont pas revanchards

La charte ainsi signée après son adoption en plénière le 13 novembre dernier, « montre bien, de l’avis de Luc Marius Ibriga, que les Burkinabè ne sont pas revanchards, et que dès le départ, ils vont inclure ceux-là qui sont responsables, non pas parce qu’on a oublié leur faute, mais parce que nous pensons que la contrition viendra et que nous pourrons construire ensemble le Burkina Faso ». Toute chose qui est gage de transition inclusive.

A une telle transition, le Lt-col Zida a appelé – dans son discours livré sous applaudissements – l’ensemble des forces vives de la Nation. En effet, après avoir et précisé que les « Forces de Défense et de Sécurité sont patriotes et républicaines et elles le demeureront », et invité tous les Burkinabè à prendre part à l’œuvre de reconstruction du pays, le Lt-col Zida a indiqué que « cette transition qui se met en place se doit d’être inclusive ». C’est d’ailleurs tout le sens que donne Me Bénéwendé Sankara à ce discours du Chef de l’Etat, avec la précision que « c’est un discours d’appel et d’invite à tous les fils et filles de ce pays à converger pour la reconstruction de ce pays ».

De la repentance sincère dénuée de toute velléité de troubler la sérénité

Pour Ablassé Ouédraogo, il n’y a pas trop d’inquiétude à se faire pour cela. Sa conviction à lui, c’est « que les Burkinabè sont tolérants et ont le pardon facile ». « Ils n’oublient rien, mais ils ont le pardon facile. Et c’est grâce à la tolérance et au pardon que nous avons réussi en deux semaines, à rétablir le Burkina dans la légalité constitutionnelle », a-t-il précisé.

Déjà, à l’endroit de « ceux-là qui ont géré le Burkina Faso jusqu’aux événements du 30 octobre 2014 », le Lt-col Zida dit les inviter, « partout où ils se trouvent, à la repentance qui, si elle est sincère, doit être dénuée de toute velléité de troubler la sérénité du peuple burkinabè ». Eux qui, selon le Chef de l’Etat, ont aussi contribué à l’avènement des présentes perspectives prometteuses d’alternance politique dans notre pays pour avoir eu « une insistance insensée et la myopie politique » en optant pour la révision de l’article 37 de la Constitution, doivent s’associer à leurs frères et sœurs qui s’étaient opposés à ce projet de révision constitutionnelle « pour asseoir les bases inébranlables d’une démocratie véritable, aspiration profonde de tout notre peuple ».

L’insurrection marque d’une pierre blanche, la marche de notre peuple
Pour Salif Diallo, le premier vice-président du MPP (Mouvement du peuple pour le progrès), le moins que l’on puisse dire, c’est que l’insurrection des 30 et 31 octobre « marque d’une pierre blanche la marche de notre peuple qui a montré une fois de plus qu’il était prêt au sacrifice pour assumer son destin ». Et d’ajouter, « Je ne pense pas qu’aujourd’hui, un homme politique sérieux, une force politique sérieuse peut ignorer ce qui s’est passé ».

Le Lt-col Zida, sa conviction à lui, au regard de cette insurrection populaire au cours de laquelle « les Forces vives, y compris les Forces de Défense et de Sécurité ont su donner la réplique à ce qu’il convient d’appeler désormais la forfaiture de Blaise COMPAORE », est que « les hommes politiques feraient mieux d’écouter la voix du peuple ».

Bientôt, une journée d’hommage aux martyrs

La cérémonie du jour, le Lt-col Zida en a vu l’occasion non seulement pour faire observer une minute de silence en mémoire des martyrs de cette insurrection populaire, mais aussi d’ « assurer que leur sacrifice ne sera pas vain ». Dans ce sens, promet le Chef de l’Etat, « dans les jours à venir, une journée d’hommage sera organisée et ces filles et fils tombés sur le champ de bataille seront élevés au rang de héros et héroïne nationale ». Le sang de ces martyrs « fortifiera, foi du Lt-col Zida, le ciment qui servira à rebâtir les fondements et à recoller les fissures des murailles de notre société, que l’égoïsme, l’arrogance, la rapacité et la méchanceté de certains de ses filles et fils égarés, avaient dangereusement et misérablement marqués de leur flétrissure ».

Fulbert Paré
Lefaso.net