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Burkina-Espagne : Pr. Michel-Ange KAMBIRÉ, l’homme de Kpankpirè qui enseigne la politique aux étudiants du monde !
PORTRAIT

Dondomè-ib-lè Michel-Ange Kambiré Somda est Professeur de sciences politiques et de droit public à l’université Pablo de Olavide à Séville (Andalousie). En fin mars dernier, en prélude des élections autonomiques en Espagne, nous reprenions en français sa tribune de haut vol publiée dans le journal « DIARIO DE SEVILLA ». A propos de la politique et ses acteurs inconscients qui manquent de vision et de stratégies nouvelles face à un monde avec des citoyens de plus en plus exigeants et intraitables sur les questions de mal gouvernance, cet « érudit politique » croit fermement que « De nos jours, c’est seulement par un changement de pensée que les politiques pourraient apporter leur contribution avec plus d’éclat ».
Aujourd’hui et afin de mieux connaître l’homme qui naquît entre les collines du Bafudji il y’a près de 50 ans, nous vous offrons ce portrait sous forme d’interview qui, sans doute dira davantage sur ce Professeur atypique qui parle plusieurs langues et qui enseigne les sciences politiques en Espagne et dans le reste du monde… Lisez plutôt !

Lefaso.net : Vous êtes Professeur Agrégé en Sciences Politiques au Département de Droit Public à l’UNIVERSITÉ PABLO de OLAVIDE (SÉVILLE). La première interrogation, qui pourrait venir à la tête de burkinabè, est bien sûr de se demander comment un natif francophone en est arrivé à enseigner la Science Po aux étudiants espagnols et en Espagne ?

Pr. KAMBIRÉ : D’emblée, je voudrais porter un rectificatif, car je ne suis pas un natif francophone sinon un natif dagaraphone. Le français comme les autres langues importées ou étrangères apprises ne forment pas mes schèmes oniriques puisque selon les psychanalystes, on rêve seulement que dans sa langue maternelle et dans mon cas singulier materno-paternelle puisque mes deux géniteurs sont dagara (du sous-groupe dagara-lobr). C’est donc simplement vous dire qu’enseigner en espagnol, en sus en science po a supposé d’abnégation pour moi comme quand j’apprenais la langue, les coutumes et la littérature françaises. Au fait tout au long de mon parcours, dans ma tête trotte toujours trois grands axes de service : agriculteur, enseignant et missionnaire. De ces grands axes dans ma vie, j’ai essayé un tant soit peu de les atteindre, certains avec moins de réussite et d’autres avec des efforts soutenus. Enseigner n’est point une mission nouvelle pour moi en Espagne et à l’Université Pablo de Olavide (UPO).

Mes premiers pas en la matière datent de ma tendre enfance où à mes cousins et amis je jouais à leur enseigner soit en leur expliquant les « leçons de chose » ou bien en leur aidant à réaliser des exercices et problèmes de calcul du livre J. Auriol. Une fois à l’âge adulte et dans la dynamique d’atteindre et rendre effectifs mes axes vocationnels ; je me suis formé comme enseignant au CPK (Collège Pierre Kula) de Diébougou en y dispensant des cours. Des années plus tard, de nouveau sur la même sellette et je me retrouvais au Petit Séminaire Saint Tarsicius (Diocèse de Diébougou dans l’axe Dano-Djikologo). C’était en compagnie d’excellents élèves plus intelligents que moi ; nous avions fait notre petit bonhomme de chemin ensemble. Ces expériences énumérées ci-dessus n’ont fait qu’alimenter en moi ce que je suis en train de faire aujourd’hui à l’UPO.

Lefaso.net. Parlez-nous de votre cursus depuis le secondaire et de vos rêves à cette époque de votre vie.

Pr. KAMBIRÉ : De nos jours, la grande tendance journalistique est d’amener les gens à se livrer au commérage, chose que pour nous Africains, dans notre cosmogonie voire cosmologie, est mal vue. Vous vous rappellerez quand Valère Dieudonné SOMÉ (ex Ministre de CNR) ? Lorsqu’il rentra d’exile, des journalistes lui posèrent des questions de tout ordre pour s’enquérir de nouvelles. Quant à lui, il se réserva bien d’en répondre à certaines. Sur la même lancée l’ancien Président du Comité du Salut du Peuple (CSP), le Commandant Jean Baptiste OUÉDROAGO dans sa première apparition comme le quatrième chef de l’État voltaïque face à la presse internationale -8 novembre 1982-, nous laissa en grand souvenir, cette fameuse et laconique réponse à moult questions posées : « cette question ne mérite pas de réponse ».

Néanmoins, je vais vous parler des moments saillants de ma vie. Après la tendre enfance que je considère comme premier moment fort, le deuxième moment fort de ma vie fut mon séjour parmi les FEC (Frères des Écoles Chrétiennes), d’abord comme élève et ensuite comme professeur. Quand je quittais l’École Publique Mixte de Zambo pour le Collège Emile Velay (de nos jours Collège Pierre Kula -CKP) je pensais que tous les diables me tombaient sur la tête. Ma joie d’être admis à l’entrée en sixième avait fait vite place à un cauchemar. Comment vivre sans mes habitudes hors de Kpankpirè sans camarades qui y sont restés, un etc. de questions anxieuses. Mais chez les FEC (Frères des Écoles Chrétiennes) ou avec les FEC, j’avais appris la vie, la prière, l’abnégation et le don de soi (JTC : Jeunes Témoins du Christ) le dévouement, travail bien fait puis soigné sans oublier la solidarité.

Troisième temps vient entériner cette formation spirituelle d’antan acquise chez les FEC qui me conduirait plus tard au Grand Séminaire. Lieu où en plus de ma disposition antérieure spirituelle et humaine j’y avais ajouté la critique et la sapientia des écritures saintes. Ma vertu d’une vie intérieure et ma vraie raison d’être un ami inconditionnel de Jésus de Nazareth, fils de Marie et de Joseph, homme et Dieu à la fois, prennent leurs racines lors et mon passage au Grand Séminaire. Ces moments forment la quintessence de ma vie de pèlerin terrien. Nonobstant, tous ces bagages au soir de chaque jour, je me sens comme un « serviteur inutile ».

Lefaso.net : Et votre première année d’expérience comme enseignant dans une faculté de Science Po à Séville ?

Pr. KAMBIRÉ : De mon temps du Grand Séminaire, j’ai fondé toutes mes actions entreprises sur les versets de l’apôtre des gentils, grand ami à moi depuis mon temps du CPK. Puisque Saoul de Tars devenu Paul de Tars puis Saint Paul est le patron du MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes, matrice des JTC). Alors, parler d’expérience comme enseignant prend sa source ou son starting block à la lumière de ces mots : « Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. Je puis tout par celui qui me fortifie », (Ph 4, 12-13). Oui, mes sœurs et frères, je peux tout en Celui qui me fortifie. Celle ou celui qui construit son projet de vie et entreprend, tout en y mettant Dieu ne serait jamais déçu. Là se trouve le quid de mon art dans l’enseignement.

Lefaso.net : Vous êtes professeur de sciences Po en Andalousie, c’est dire que vous êtes bien imprégné dans la politique et aussi bien intégré dans la société espagnole….

Pr. KAMBIRÉ : Je suis du groupe des professeurs dénommés, professeur européen c’est-à-dire, avec faculté de dispenser leur matière dans toute l’étendue de l’Union Européenne (UE). Quand je parle de l’UE, je fais référence aux 28 états membres et pas aux nations qui occupent l’étendue géopolitique d’Europe. Les conditions pour y postuler sont entre autres de dominer au moins quatre langues officielles des états membres. En sus, de cette disposition, je suis diplômé d’un DEA (Diplôme d’Études Approfondies) en Droit International et des Affaires puis Politiques Européennes (Écoles de Hautes Études de Paris) et l’université d’Exeter (Angleterre). Aussi ai-je dispensé comme professeur ces matières pendant un an à l’université de Cardiff (Pays de Gales) -United Kingdom-. Il est vrai que je réside plus de deux décennies dans le Royaume d’Espagne mais ma vie professionnelle, quant à elle réside en Europe avec une lancée internationale. Je suis professeur visiteur en Amérique (Colombie, Brésil, USA -Carolina du Nord-, Mexique et Pérou), Afrique (Togo, Bénin, Kenya, RCI et Ghana) et en Europe (Portugal, Italie, France, Hollande, Finlande, Pologne, Belgique et Suède) sans oublier bien sûr l’Espagne mon lieu de résidence.

Alors pour revenir à votre question, je dirais simplement, que je suis en Andalousie comme professeur de l’État, pour l’instant. J’y suis affecté mais il se pourrait, si ainsi les besoins se font sentir un de ces jours ou de mon propre gré, demander d’être affecté ailleurs sur toute l’étendue du territoire national ou dans un des états membres de l’UE. Il est difficile de tourner une galette tout en séparant les ingrédients de la pâte ou la masse. C’est juste vous dire que résider dans un état ou nation pour moi c’est se faire avec les réalités du lieu, c’est-à-dire apprendre et connaître la langue, les coutumes, les us, les mœurs et être en diapason avec ses demeurants. Mais une chose est sûre et indéniable « le bois pour si bien longtemps qu’il demeure dans l’eau ne serait jamais un caïman », à bon entendeur salut !

Lefaso.net : militez-vous dans un parti politique espagnol ? Et au niveau du Burkina ?

Pr. KAMBIRÉ : Quelle affaire ! (rires). Je vais aller droit au but. En Espagne je ne milite dans aucun parti politique ni au Burkina Faso. Mais comme éducateur ou enseignant cette réponse est très limitée voire laconique. Alors, je ne milite pas dans un parti politique à l’issue de ce que j’ai vécu au CPK de mon temps de professeur. CPK est en pleine zone des adeptes de la Religion de Tradition Ancestrale (RTA), terme utilisé de nos jours en lieu et place de celui d’« animisme ou animiste » naguère en vogue dans les livres et œuvres des auteurs non avertis. Chaque année à l’approche de la grande fête de ce joyau de centre éducatif, le 15 mai, grand jour inoubliable pour tous celles et ceux qui ont fréquenté chez les FEC du Burkina Faso.

En effet, c’est le jour des jours, le jour de la fête du fondeur des FEC. Cet homme noble de la noblesse française, St Jean Baptiste de la Salle, ce jeune de Reims (France) qui réunit tous ses biens pour fonder les FEC et donner ainsi l’opportunité aux enfants des démunis de bénéficier d’une éducation digne et par ricochet mettre fin à l’exclusivité des écoles qui était l’apanage des nantis. C’est autour de cette date, le 15 mai que certains élèves catéchumènes sont appelés à recevoir le sacrement de baptême. Pendant mon séjour au CPK, trois élèves m’ont demandé d’être leur parrain. Chose à laquelle je répondis sans ambages. Mais quelques jours après les cérémonies, je rencontrai le curé de la Cathédrale d’alors et parlant du tout et du rien, nous arrivâmes au sujet ayant trait au rôle que doit jouer un parrain. Une fois que nous terminâmes la conservation et à deux, il me fit cette confidence : « un professeur doit être parrain de tous ses élèves mais non seulement de deux, trois, etc. car cela appauvrit votre rôle d’enseignant ».

Aussi lors d’une interview accordée à son Excellence Mgr SANON, mon mentor et père spirituel, il disait ce qui suit : « Et je pense que dans une nation, chacun à son rôle et le rôle de l’armée est de veiller à la sécurité afin qu’on n’empiète pas nos libertés. Qu’est-ce qu’on peut penser si un ecclésiastique prenait la tête du pays ? Ce sont des domaines très différents. Les religieux doivent prier pour la paix et l’intelligence nécessaire pour construire le pays. Les militaires doivent veiller sur la sécurité des frontières et sur la bonne exécution de la Constitution », (in lefaso.net du 10 novembre 2014). Et moi d’ajouter que le professeur sauf en cas de besoin majeur, c’est-à-dire question d’État, doit se dédier à son labeur d’enseignant et point n’est besoin de nourrir des velléités d’occuper des postes juteux, comme nous assistons de nos jours par-ci par-là. Former un professeur coûte la peau des fesses.

Par amour de Dieu restons à nos postes et luttons pour améliorer nos conditions de vie et non pas nous livrer au rôle d’imposteurs. La politique aux personnes politiciennes, et aux personnes qui y postulent d’avoir une formation ad hoc. Une suggestion, je demande à nos autorités d’ouvrir une session de formation payante à l’ENAM pour cette fin et y faciliter l’accès à tout le monde sur les bases de mérite. La formation politique pour toutes et pour tous car cela est un droit. Un peuple bien formé politiquement est un peuple averti et y va du bien commun. A bas les “politicards” insensés ; en haut les politiciens formés et avertis.

Lefaso.net : le 30 mars dernier, nous lisions votre tribune d’opinion sur le jeu politique dans son ensemble et les exigences de la politique face à un monde en mutation accélérée. Dans votre écrit, la dernière phrase nous a bien retenu l’attention. Je la répète pour vous faire mémoire : en politique, « les insensés finissent toujours par creuser leur propre tombe avec leurs dents ». La métaphore parle pour elle-même ; mais que diriez-vous à propos comme pour être plus explicite ?

Pr. KAMBIRÉ : Être plus explicite serait allé au-delà du for interne et les deux termes sont en soi explicites, les personnes averties, c’est-à-dire des gens formées à la hauteur de leur fonction ou tâche attribuée et les personnes insensées sont celles ou ceux-là qui occupent des postes à mandat limités voulant y faire carrière. La chose publique n’a pas de propriétaire par conséquent, elle est de toutes et de tous mais il convient de retenir que « les moutons se promènent ensemble mais ils n’ont pas les mêmes prix » (dixit un chanteur ivoirien) aussi tout est à notre portée mais tout ne nous sied pas bien. Seul l’insensé confond le doigt qui indique le soleil d’avec le soleil comme nous enseignent les disciples de Lao Tsé.

Lefaso.net : Quels liens gardez-vous avec la mère patrie ? Vous y avez des projets ? Lesquels ?

Pr. KAMBIRÉ : Mes liens avec ma mère patrie sont ceux du devoir d’un fils reconnaissant envers une terre qui lui a permis d’apprendre à vivre tout en sachant se confier aux autres. Une terre qui lui a appris à jouer un franc jeu envers ses semblables, ne pas vivre au-dessus de ses capacités, donner et recevoir, ne pas jouer au plus malin que les autres. Une terre auprès de laquelle il a affûté les armes qui sont ancrées en lui, c’est-à-dire, l’humilité, la simplicité, l’amour de soi et l’amour envers les autres, à donner sans attendre rien en retour. Mais je termine tout en attirant l’attention sur celles ou ceux qui croient tenir et savoir TOUT. Celles et ceux que le chanteur A’salfo dénomme délibérément le premier Gaou. Tous mes liens avec ma chère patrie, « drapée de loyauté » ne sont autres que le développement intégral et endogène teinté de responsabilité tous azimuts. Certes, nous (diaspora) avons des moyens matériels (pauvre matériel pécuniaire qui nous divise et nous sépare) mais celles ou ceux qui reçoivent nos miettes au bercail doivent savoir les mettre à profit. Ainsi, au finish tout le monde gagne tant la patrie que la diaspora. Aussi n’allons-nous nous tromper jusqu’à la fin du monde.

Lefaso.net : comment avez-vous vécu la période pré et post-insurrectionnelles des 30 et 31 octobre ?

Pr. KAMBIRÉ : Depuis 2009 dans une interview accordée au conseiller en communication Victorien Aimar SAWADOGO alors journaliste, j’avertissais du danger de la politique à la compaorose. Ce que j’avais tildé de « démocratie bananière ». Mais revenons aux événements les plus récents : le 11 décembre 2013 à Dori, Blaise COMPAORÉ (BC) avalait sa première pilule de défaite et de déphasage en sortant de sa léthargie habituelle pour nous traiter d’un peuple égoïste qui ne sait pas reconnaitre les bienfaits reçus. Un peuple à la mémoire courte car depuis l’heure de la décolonisation, il est et reste le seul homme capable voire l’unique de mener à bien les destinées du FASO. Il demandait de le laisser parfaire son œuvre entreprise dénommée à tort ou à raison « BURKINA EMERGEANT ».

Le mois d’octobre est venu. Ce fameux mois d’octobre qui avale les enfants valeureux du terroir car c’est un 15 octobre 1987 que l’inoubliable Président du Faso (Le PF), le premier burkinabè Thomas Noël Isidore SANKARA, communément appelé Thom Sank est parti. Pour certains d’une mort naturelle, pour d’autres assassiné et ceux ou celles qui ne croient pas à sa mort -car sa dépouille mortelle non encore identifié formellement- continuent d’attendre qu’il sera libéré un jour de son séquestre et revenir avec nous pour bâtir ce BURKINA FASO tant désireux où tout appartient à tous et tout le monde pense à tous. Où nous devrions avoir le souci des uns des autres. Seul le burkinabè n’a pas de sens mais ensemble nous formerons la famille où chaque personne devrait manger un poulet par jour et plus rien ne serait comme avant. Où pour notre patrie nous serons prêts à nous sacrifier et pour cette partie nous vivrons solidaires comme les filles et fils d’un même père, le Burkina et d’une même mère, le Faso (la République).

Oui c’est au mois d’octobre 2014 que Compaoré et le CDP ont lancé l’opprobre aux burkinabè en connivence avec Gilbert OUÉDRAOGO et ADF/RDA. Ils allaient matérialiser leur forfaiture en complicité ou dit moins en prenant pour témoin la voix du peuple à l’Assemblée Parlementaire prise en otage et sous férule de peur que les élus « achetés » ne défroquent à la dernière minute. Ni les femmes sorties avec les spatules en octobre, ni les sévères avertissements provenant des leaders religieux (Cardinal Philippe OUÉDRAOGO et autres), coutumier (Sa Majesté Mogho Naba Baongo II), des chefs d’État d’autres nations (Barack Obama, François Hollande et autres), n’ont suffi et notre tout puissant BC s’enfonçait dans le gouffre comme la scène que décrit le Psaume 1 sur l’impie. L’impie est celui ou celle qui ne croit qu’en soit même et marque un grand mépris à l’endroit de toute sagesse. De cet homme ou de cette femme, le psalmiste est radical et avec véhémence fredonne, « ils sont comme la bale qu’emporte le vent. Ainsi, les impies ne tiendront pas au Jugement » (Ps 1, 4-5).

Les jours 30, 31 octobre et début novembre marquèrent un tournant inénarrable dans les annales de l’histoire de notre cher Burkina Faso. De nos jours, beaucoup de gens ont peur mais comme nous a toujours demandé le Cardinal Philippe, dans cette étape de la TRANSITION, nous burkinabè, femmes et hommes du dedans comme du dehors, avons une mission insondable. CELLE DE PRIER, PRIER ET ENCORE PRIER POUR LA PAIX, LA SOLIDARITÉ, POUR UN BURKINA FASO COMME NOUS VOULONS ET PAS COMME VEULENT UNE POIGNÉE DE PERSONNES. Gardons le courage et ayons FOI, tout ira. Les puissances du changement sont en œuvre et en faveur d’un Burkina nouveau et renouvelé tandis que les ténèbres des démolisseurs s’étiolent.

Lefaso.net. quels sont vos rapports avec la communauté burkinabè vivant en Espagne ?

Pr. KAMBIRÉ : Mes relations avec mes confrères burkinabè de la diaspora au Royaume d’Espagne sont cordiales et teintées de respect mutuel. Toutes personnes répondant à la nationalité burkinabè est reçu chez moi comme chez elle-même. Une telle attitude est un couteau à double tranchant. Mais dans la vie, il faut faire un choix et mon choix c’est la prédilection envers tous mes semblables. Aussi je n’ignore pas que « l’étranger » est une personne en désarroi et par moments, a besoin qu’on lui porte un secours de diverses formes. Le vénéré Julius Nyerere (défunt et ex président de Tanzanie) nous met en garde sur les parents lascars qui vont de ville en ville abusant de la bonté de de l’hospitalité, legs de nos aïeux. Parmi ces conseils recueillis dans son œuvre en swahili « Ujamaa » ou socialisme africain traduit ensuite et publié (in Ujamaa — Essays on Socialism, Oxford University Press, 1977), il nous demande de ne pas être dupes. Notre mission, je dis bien notre mission car là se trouve écrit en lettres d’or la quintessence de notre devenir et existence. Nous devons être commensurables les uns envers les autres.

Nous devons partager notre plat avec celle ou celui qui a faim. Partager nos tuniques avec celle ou celui qui est sans habit. Héberger les sans-abris, prêter attention à l’étranger car notre père dans la foi Abraham fut accueilli à l’étranger. Alors, il convient de ne jamais se moquer de celle ou celui qui se noie. C’est seulement et si seulement sur les lignes évoquées que nous devons nous évertuer de vivre les vertus ci-dessus mentionnées. Alors, Dieu ou Allah nous dira : « en vérité je le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).

Lefaso.net : En votre qualité d’expert en Politique et bonne gouvernance ; quels conseils donneriez-vous à tous les candidats et aussi au prochain président du Faso qui serait élu à l’issu des scrutins du mois d’octobre ?

Pr. KAMBIRÉ : Des conseils je ne peux pas donner mieux que ceux prodigués depuis des lustres par des voix autorisées et comme nous enseigne tant de proverbes ad hoc entre autres ces mots : « si jeunesse savait et si vieillesse pouvait » (Proverbe français). J’ajoute ce dernier adage appris à l’école primaire d’alors que nous avions des cours d’éducation civique : « se crève les yeux la petite souris qui abandonne le chemin de ses parents ». Mais pourquoi chercher au loin ce que nous avons à côté ? Sans détour, je vous rappelle ce que mon mentor, son Excellence Mgr SANON disait à propos de la gestion des affaires publiques et des velléités de celles ou ceux qui y postulent. Je souscris à ses affirmations car Mgr est un sage de l’Église, d’Afrique, des intellectuels et érudits. Il disait ceci et je cite : « je prie pour que ce pays trouve un homme qui puisse porter dans son cœur toute la nation burkinabè.

Je l’ai dit en 1980 : ce pays ne deviendra grand que s’il a des fils et des filles dont chacun porte dans son cœur tout le pays » (in lefaso.net du 10 novembre 2014). En résumé, il s’agit vraiment de cet esprit pour gouverner ou diriger une nation. C’est AVOIR DANS SON CŒUR TOUTE LA NATION BURKINABÈ ET QUE CHACUN OU CHACUNE PORTE TOUS LES FILLES ET FILS DANS SON COEUR. Là se trouve le quid de la question, autrement dit la vocation pour les personnes qui veulent prendre les rênes du Burkina Faso. D’un Faso en, pour, par et avec les burkinabè du Nord, du Sud, de l’Ouest, de l’Est et du Centre sans distinction car comme dit Rabindranath Tagore gouverner c’est l’art de savoir « unir sans diviser et diviser sans séparer ». Merci !

Propos recueillis et retranscrits par Roland ZONGO SANOU,
Correspondant en Espagne
Lefaso.net