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Les restes présumés de Thomas Sankara ont été exhumés

(Photo: Sophie Garcia. Hans Lucas/LIBÉRATION.FR)
Mardi 26 mai 2015 à Ouagadougou. Nous sommes au deuxième jour de l’exhumation des supposés restes de Thomas Sankara et ceux de ses camarades, assassinés le15 octobre 1987 et enterrés à la sauvette. Et pour ce jour, cinq tombes ont été ouvertes parmi lesquelles la sépulture où reposerait le président du Conseil national de la révolution et Chef d’Etat. En fin de soirée après le départ des dépouilles sous haute escorte, Me Bénéwendé Sankara s’est prêté aux questions des journalistes déportés sur les lieux.

La veille, seules deux tombes avaient été ouvertes par les experts burkinabè et français, assistés de la police technique et scientifique. Toutes les tombes sont fouillées, la terre est tamisée et le sol fouillé avec des appareils. Chaque opération peut prendre quatre heures de temps. Ce travail fastidieux et méticuleux s’apparente bien à de l’archéologie, à en croire Me Bénéwendé Sankara, avocat de la famille du père de la révolution d’Aout 84. Mais, en dépit des difficultés que l’on peut imaginer en pareille circonstance, cinq sépultures ont été inspectées ce mardi 26 mai 2015. Il s’agit de celles supposées de Thomas Sankara, d’Abdoulaye Gouem, de Der Somda, de Oualilaye Ouédraogo et de Sibiri Zagré.

« Au tout début, ce n’était pas évident parce qu’il fallait d’abord procéder même par les mains pour s’assurer d’avoir la profondeur », dixit Me Sankara. Et il rappelle que pour la tombe du capitaine Thomas Sankara, il n’a fallu que de 45 cm de profondeur pour trouver les premiers restes notamment des ossements et des morceaux de tissus de fond rouge avec des traits noirs. Ça devait être un épisode éprouvant pour l’ensemble des familles des victimes présentes car « au-delà de l’émotion, ça donne des frissons », soutient l’avocat.

« Rien ne sera caché au peuple », dixit Me Bénéwendé Sankara



« Si les besoins d’analyse ailleurs doivent se faire, parce que nous n’avons pas de laboratoire qualifié, ça se fera », répond Me Sankara à la question de savoir où se feront les analyses. Bien que deux Burkinabè fassent partie des experts, il n’en reste pas moins que le pays ne dispose pas d’équipements à la pointe de la technologie. Néanmoins, il appelle le peuple, « vrai juge », à la sérénité car « rien ne lui sera caché ». « N’ayez crainte ! Personne ne peut traficoter quoi que ce soit à l’intérieur. Je vous assure que s’il y a le moindre faux pas, vous serez informé », tient à préciser l’avocat.

« Aussi longue que soit la nuit, le jour viendra. Rien ne sert d’assassiner pour arriver au pouvoir car vous serez rattrapé par votre histoire ». Après donc la chute du régime Compaoré, une lueur d’espoir point à l’horizon pour tous les dossiers de crimes non élucidés. Et Me Sankara reste optimiste quant à la suite de certaines affaires dont celles du journaliste Norbert Zongo, de l’étudiant en médecine, Dabo Boukary, de l’élève Flavien Nébié, du juge Salifou Nébié et bien d’autres.

En attendant, après analyses et identification des victimes, les restes pourraient bien retourner auprès de leurs familles. Mais Me Sankara souhaite qu’un hommage bien mérité soit rendu à Thomas Sankara et à ses 12 compagnons, souvent oubliés de la mémoire collective.

Herman Frédéric BASSOLE
Lefaso.net