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Modification du Code électoral : Les ambassadeurs accrédités au Burkina pour un processus inclusif

Le gouvernement burkinabè a échangé, via le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, avec l’ensemble du corps diplomatique accrédité au Burkina. Cette rencontre qui a eu lieu dans la matinée de ce lundi, 13 avril, avait pour objectif de rendre compte des ‘’détails’’ relatifs aux modifications apportées au Code électoral, adopté la semaine dernière.

C’est le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Moussa B. Nébié qui a présidé la rencontre, tenue dans la salle de conférences de son département. Rappelant les dispositions du code qui font l’objet de commentaires nourris, M. Nébié a indiqué qu’elles trouvent leurs explications dans le fait que le peuple, à l’issue de l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre, a exprimé sa volonté de ne plus voir les dirigeants de l’ancien régime qui se sont obstinés à modifier l’article 37 de la Constitution.

La deuxième explication vient, affirme-t-il, de l’article 25 alinéa 4 de la Charte africaine de la démocratie des élections et de la gouvernance.

Pour lui, ces dispositions reflètent la volonté du peuple des 30 et 31 octobre. « Elles ne visent que les personnes qui ont attenté à la constitution jusqu’au bout de l’obstination. Etant donné que les anciens partis, notamment le CDP, ne sont pas exclus du jeu démocratique », a illustré M. Nébié. Sollicitant la compréhension des partenaires, amis et de la communauté internationale pour cette situation qui n’est que le reflexe, dit-il, de la volonté exprimée par le peuple.

Sur les arrestations, Moussa B. Nébié ‘’rassure’’ qu’elles n’ont pas un caractère politique. A l’en croire, ce ne sont que des procédures judiciaires qui concernent la gestion de certains anciens responsables.

Les USA et l’Union européenne appellent au respect des règles

A l’issue des échanges qui ont duré environ une heure et trente, les diplomates ont salué la démarche du gouvernement qui a ‘’bien voulu’’ donner des détails sur le code électoral qui, rappelons-le, a été adopté sous haute tension. Ainsi, pour l’ambassadeur des USA, Dr. Tulinabo Mushingi, c’était impératif pour les partenaires d’entendre de la voix des membres du gouvernement, tout ce qu’ils ont pu suivre à travers les médias. « Il nous a expliqués pourquoi et comment la loi a été votée et les arrestations, qui nous inquiètent beaucoup. Nous, nous allons maintenant analyser ce que nous avons appris ce matin et décider ce qu’on va faire. Il y a deux semaines, j’étais à Washington, quand on m’a posé la question sur la transition, je répondais favorablement, et directement, qu’elle allait bien. On m’a aussi posé la question de savoir si j’étais confiant que les élections allaient avoir lieu ; des élections transparentes, libres et démocratiques. J’ai dit oui. Mais, les évènements de cette semaine ont jeté quelque chose dans cette donnée et c’est pourquoi nous sommes contents d’avoir les explications du gouvernement et nous allons continuer, comme l’a dit le ministre, l’accompagnement… », a livré le diplomate américain, soulignant que : « le principe de base chez nous, c’est que ce soit coordonné, consensuel et inclusif. Ce sont aux électeurs de désigner leurs élus. Donc, s’ils n’aiment pas tel ou tel autre candidat, ils ne voteront pas pour eux. Pour nous donc, c’est l’idée d’inclusion, de coordination, de paix ; qu’on ne divise pas les gens en différents groupes ». Il appartient cependant, relève-t-il, au peuple burkinabè de décider, les partenaires étant-là pour l’accompagner. « Et le peuple burkinabè doit avoir l’opportunité de choisir son candidat, et les candidats doivent venir de toutes les couches sociales de la population », a-t-il précisé.

Même lancée pour l’ambassadeur de l’Union européenne, Alain Holleville qui souhaite le respect du calendrier annoncé et le caractère inclusif de la transition pour permettre aux électeurs de juger.

« Une transition est un processus fragile. Et jusqu’au bout de la transition, il y aura des hauts et des bas. Ce qu’on souhaite est que d’aucun côté, ne viennent des comportements de nature à la remettre en question, à la fragiliser. Nous sommes des accompagnants et souhaitions être utiles, faire en sorte que la transition puisse passer la main à des élus, qui auront un programme, qui auront la légitimité et qui seront jugés sur leurs actions et que la transition ait ce rôle de passeur, en tenant compte de l’avis de toutes les parties », a souhaité Alain Holleville.

Sur les arrestations, les diplomates souhaitent également que la loi soit respectée en la matière.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net