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Manifestations sur les sites miniers : gouvernement et populations accordent les violons

Face à la traite des manifestations violentes observées ces derniers temps sur les sites miniers, le gouvernement a décidé de multiplier les initiatives en allant à la rencontre des acteurs, notamment des populations abritant les sites miniers. Ainsi, une mission conjointe du ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité et celui des mines et de l’Energie a pris d’assaut, du 11 au 15 mars, les régions du Centre-nord, du Sahel et du Nord. L’objectif est, d’une part de sensibiliser et d’informer les populations sur la nécessité de travailler à préserver la quiétude sur les sites et, d’autre part, rassurer les investisseurs engagés dans ces projets au bénéfice de tout le monde.

Depuis l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre dernier, la recrudescence des manifestations sur les sites miniers ne se conte plus ; elle se vit. Ces manifestations qui se caractérisent par leurs violences (saccage et incendies d’équipements) constituent non seulement une perte au plan socio-économique mais également une menace pour la cohésion et la sécurité nationale. Et ce, d’autant plus qu’à la rareté des ressources à laquelle il est confronté, le Burkina doit également, eu égard à l’environnement sous régional marqué ces derniers temps par la menace d’insécurité générale, canaliser ses énergies pour parer à toute éventualité. Ce sont, entre autres raisons, qui ont motivé le gouvernement à sillonner les sites miniers des régions du centre-nord, du sahel et du nord pour informer, communiquer et sensibiliser les populations. Il s’agit également, à travers cette initiative, de rassurer les investisseurs sur l’engagement de l’Etat à offrir un environnement de travail sécurisé pour le bien de tous.
C’est le site de Tarpako, dans la commune de Bouroum, province du Namentenga dans la région du Centre-nord qui a marqué le début de ce périple qui doit également sillonner les mines de Tambao, Essakane et Inata dans le Sahel puis True Gold à Namissigma dans le Nord.

Eviter d’ouvrir la voie à l’irrémédiable !

A cette première destination dans l’après-midi de mercredi, 11 mars, l’équipe, conduite par le conseiller technique du ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de la sécurité, Naba Ouédraogo et qui est composée du directeur des mines, du directeur général de l’ONASSIM (Office national de sécurisation des sites miniers), des représentants des forces de sécurité auxquels s’ajoutent les autorités locales de chaque zone concernée, a échangé avec une population massivement sortie. Toute chose qui a permis à celle-ci d’étaler ses préoccupations et à la délégation d’expliquer la « minutie » qui entoure l’octroi des autorisations aux sociétés. Toutes ces dispositions prises par l’Etat visent aussi, selon la délégation, à préserver les intérêts des populations directement concernées. Le conseiller technique a relevé que le Burkina perçoit d’importantes taxes de ces sociétés minières pour les injecter dans les secteurs de développement au profit de toute la nation. Annonçant en outre que le code minier est en relecture pour permettre à l’Etat et aux populations abritant les sites miniers de mieux profiter encore de ces ressources. En retour, souligne-t-il, l’Etat aussi à des engagements à honorer vis-à-vis de ces sociétés, parmi lesquels, la sécurité. Aucun investisseur ne voudrait investir dans un pays où règne l’anarchie, source d’insécurité. C’est pourquoi, et face à la situation observée ces derniers temps sur les sites miniers, le gouvernement a-t-il estimé qu’il faut informer, communiquer et sensibiliser les populations. Pour M. Ouédraogo et sa suite, nombreux sont ceux-là qui posent les actes de vandalisme par ignorance, certains, par mauvaise foi.

Pour l’intérêt général, le gouvernement sonne la fin de la récréation



« C’est pourquoi, sommes-nous en train d’informer et de sensibiliser pour que ceux qui ne comprennent pas, comprennent. Par contre, ceux qui vont décider d’aller contre les règles établies, auront à faire à la fermeté de l’Etat pour le bonheur de tous », a expliqué M. Ouédraogo, souhaitant que tous puissent regarder dans une même direction pour éviter de contraindre l’Etat à user de la force pour rappeler les contrevenants à l’ordre. « On ne peut pas construire pendant qu’une partie est en train de détruire. Dans les saccages et incendies, personne n’y gagne ; ni le gouvernement, ni les investisseurs, encore moins, les populations elles-mêmes. Nous n’avons pas de pétrole, de café, de cacao, de forêt. Mais, Dieu nous a donnés l’or. Il faut qu’on respecte ce que Dieu nous donnés. Convenez avec moi que, ce n’est pas en cassant et en brûlant que nous allons construire notre pays. Si on gâte, tout le monde perd », a ausculté M. Ouédraogo, déclarant que cette fermeté ne signifie pas une interdiction de manifester mais suggère plutôt de se conformer aux règles dans les revendications.

Même en famille, illustre M. Ouédraogo, il y a des problèmes entre membres, mais, ce n’est pas pour autant qu’on met le feu à la cour familiale. Passée la phase d’explication et de sensibilisation, l’Etat prendra sa responsabilité pour le bien de tout le peuple. « L’Etat ne va plus accepter les casses et incendies, parce qu’on ne peut pas faire comme s’il n’y a pas d’autorités, de règles. La fermeté de l’Etat ne remet pas en cause la liberté de manifester mais, c’est de respecter les règles. Il faut éviter l’anarchie », a insisté le conseiller technique, Naba Ouédraogo. Encourageant les parties à instaurer, entretenir et à privilégier le dialogue entre la société minière et les populations. Pour lui, à force de dialoguer, on étouffe les difficultés susceptibles de devenir de grands problèmes.
Même dynamique à Tambao dans la commune de Markoye. Sur ce site, la délégation s’est entretenue avec les populations et les responsables de la mine, PAN AFRICAN Tambao (le manganèse) avant de mettre le cap dans l’après-midi, jeudi, sur Essakane SA.

Dans la matinée de vendredi, 13 mars, la délégation s’entretient avec les populations de la mine de Inata à Tongomayel (toujours dans le sahel) avant de terminer par la région du nord avec la mine True Gold qui a été victime d’incendie de ses équipements en janvier dernier.
Nous reviendrons sur le compte rendu complet de cette campagne d’information, de communication et de sensibilisation des populations abritant les sites miniers.

Oumar L. OUEDRAOGO
Lefaso.net