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Le Président du Faso aux Diplomates : « ceux qui menaçaient de suspendre leur aide au Burkina n’avaient pas fait une bonne appréciation de la situation »

Après environ trois semaines d’exercice de la transition, le Président Michel Kafando a rencontré les représentants des pays et institutions partenaires du Burkina Faso. Pas avec sa casquette de Président mais en sa qualité de Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale. Objectif de cette « rencontre de prise de contact » : Remercier chacun pour les efforts déjà faits, et appeler à un accompagnement dans le cadre de la transition. C’était ce lundi 08 décembre 2014.

La cérémonie était prévue pour 10 heures, mais c’est une dizaine de minutes après que le Président du Faso, par ailleurs Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale a fait son entrée dans la salle où l’attendaient les invités. Les affaires de l’Etat y ont certainement été pour quelque chose. Un rapide tour de table pour de chaleureuses poignées de main, et c’est le présentateur qui annonce les deux séquences au programme de cette « rencontre de prise de contact » avec les diplomates et autres institutions partenaires du Burkina Faso : l’allocution du Président et les éventuels commentaires ou questions des diplomates. Non sans faire comprendre au passage que les choses iront vite, « le Président n’a pas beaucoup de temps », a- t- il lâché.



Merci pour ce que vous avez fait et merci pour ce que vous ferez…

Un peu plus de huit minutes, c’est le temps qu’a pris le Président Michel Kafando pour son speech de « séduction ». Au nom du peuple du Burkina Faso, il a réitéré les remerciements à tous ceux qui ont soutenu le pays depuis les événements du 30 octobre 2014. Tout en insistant sur l’exception burkinabè, porteuse du message selon lequel plus rien ne sera comme avant, il a rappelé que « le peuple est sorti pour dire non à la façon de gouverner ce pays, notamment pour faire comprendre que le moment est venu de pouvoir bâtir un Etat basé sur la justice sociale- ce qui n’y était pas-, basé sur la vraie fraternité, basé sur l’unité, la cohésion nationale. Le message a été clair. Message qui est celui des jeunes, des enfants, des femmes, tout le monde a été clair à l’issue de cette insurrection populaire ». Il a, à ce titre, remercié chacun des diplomates et représentants pour avoir servi de relai d’information en disant à leurs pays ou institutions ce qu’il s’est réellement passé au Burkina Faso. Et sans verser dans le diplomatiquement incorrect, il a aussi rappelé que ceux qui menaçaient de suspendre leur aide au pays n’avaient pas fait une bonne appréciation de la situation. Ces incompréhensions passées, il faut envisager la reconstruction du pays. Ensemble. « Fort de l’appui de vos pays, fort de l’appui des organisations que vous représentez, fort de l’appui de tous nos amis, le Burkina Faso devient comme une référence essentielle en matière de démocratie. Mais le travail n’est pas fini, nous ne faisons que commencer. Tout le monde nous a à l’œil comme on dit. Mais je peux vous donner la certitude qu’avec la compréhension dont nous jouissons auprès de vous, avec votre appui, votre soutien, le gouvernement de transition est vraiment décidé à aller de l’avant. Et nous sommes sûrs, de par notre conviction et de par notre patriotisme, que l’objectif que nous nous sommes donné dans le délai qui nous a été imparti sera atteint et que nous relèverons le défi », a- t- il ajouté.
Cet objectif, il le contient dans cette phrase : « L’organisation d’élections transparentes pour doter notre pays de nouvelles institutions fiables et véritablement démocratiques ».

Les partenaires prêts à accompagner la transition

A l’issue de son allocution, l’on annonce les commentaires et questions des invités que la presse ne pourra pas suivre. Il est tout gentiment demandé aux hommes de média de se retirer. Le huis clos a duré environ un quart d’heure et quand ils ressortent de la salle, on comprend que entre autres sujets, celui d’un après 2015 effectivement civil a été abordé. C’est du moins ce que laisse croire ce propos de Dr Tulinabo S. Mushingi, Ambassadeur des Etats- Unis d’Amérique dans notre pays : « Je crois, le Président du Faso et Ministre des Affaires étrangères et de la coopération régionale a bien répondu. Nous nous attendons d’ici janvier pour voir effectivement ce qu’ils vont décider. On a déjà fait quelques étapes très positives comme vous l’avez remarqué ; la levée de la suspension de la Constitution, la passation de pouvoir au Président civil, la formation du gouvernement, la formation du CNT (conseil national de transition, organe législatif de la transition, ndlr), maintenant il faut qu’on commence à parler des élections dans le discours public. Je dois le dire et je vais le répéter aussi, vous savez, la patience de la communauté internationale c’est comme pour le peuple. Pour le moment ça va et on souhaite que ça continue. Avec toutes les étapes qu’il y a à l’intérieur, il faut qu’on voie du progrès chaque fois qu’on approche l’année 2015. » Entre deux foulées pour rejoindre sa voiture, l’Ambassadeur Gilles Thibault de la France au Burkina Faso a pour sa part exprimé ce souhait : « Que la transition conduise à l’organisation d’élections libres et transparentes dans les délais fixés. ». Les Etats- Unis ont annoncé les couleurs tout récemment en augmentant leur financement inscrit dans ce cadre, et certains partenaires financiers comme le Programme de nations unies pour le développement (PNUD) se disent disposés à accompagner la transition. Reste donc à définir une feuille route claire qui implique les différents acteurs.

Samuel Somda
Lefaso.net