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Crash du vol AH 5017 d’Air Algérie : Les proches ont organisé une journée de souvenir et d’hommage

Trois mois après le crash dans le nord Mali du vol AH 5017 de la compagnie Air Algérie, lequel crash a fait, on se rappelle, 117 morts, les parents des victimes se sont retrouvés pour une « Journée du souvenir et d’hommage ». C’était ce samedi 25 octobre 2014. Remerciements et prière pour le repos des âmes des disparus étaient au programme de cette commémoration.

La salle de spectacle du Palais de la culture Jean Pierre Guingané a l’habitude d’abriter des cérémonies de réjouissance, mais celle de cette matinée de samedi revendiquait son exception. Des mouvements discrets, des actions silencieuses, des mines déconfites, des bruits parfois presqu’inaudibles… Tout ici était à l’opposé des chaudes ambiances et autres rires aux éclats des cérémonies festives. Jusque dans le protocole.

Me Halidou Ouédraogo, Président de l’Association des familles des victimes du Burkina Faso au milieu, à sa gauche Patrick de Lalande, Consul Honoraire du Royaume-Uni au Burkina Faso et par ailleurs fondateur de l’Association française des familles des victimes du même vol ; et sur la gauche le représentant de la Fédération des Eglises et Missions Evangéliques du Burkina (FEME). Sur le même espace mais un peu décalé, d’autres parents des victimes ; voilà pour la configuration du présidium. En face sur les chaises « spectateurs », des membres du gouvernement dont on peut citer Poussi Sawadogo, Secrétaire général du Gouvernement représentant le Premier ministre, Jérôme Bougouma de l’Administration territoriale, Ablassé Ouédraogo représentant le chef de file de l’Opposition, le Général Gilbert Diendéré, Président de la cellule nationale de crise. De nombreuses autres personnalités et tout naturellement d’autres parents de victimes étaient de la partie.

Me Halidou Ouédraogo n’a pu contenir ses larmes

Pour commencer, une procession de quinze jeunes (filles et garçons) tenant quinze drapeaux. Ils descendent les marches des escaliers d’un côté de la salle jusqu’à l’estrade. Ils y sont rejoints par quinze autres, qui elles aussi tiennent chacune une bougie incandescente et descendent de l’autre côté de la salle. Drapeaux et bougies y sont disposés de façon à former un cercle tout autour de l’estrade avant que ceux qui les tiennent se retirent. Quinze bougies et drapeaux tout autour du présidium, le chiffre quinze correspondant aux quinze nationalités ayant péri dans le drame. Le climat commence à s’alourdir.



Me Halidou Ouédraogo est le premier à dire son discours. Dans son allocution, il a tenu à remercier tous ceux qui se sont mobilisés dès le lendemain du crash pour soutenir les proches des victimes. Pour lui, cette journée est « une journée de remerciements, mais aussi une journée d’intercession et de prière pour que les disparus reposent en paix » . Me Halidou Ouédraogo qui a eu de la peine à dire normalement son discours, nouée qu’était sa voie par les sanglots. Un discours saccadé certes, mais dit tant bien que mal jusqu’au dernier mot. Une minute de silence en hommage aux disparus, et le programme peut suivre son cours.
Pour Patrick de Lalande, « on n’a pas le choix, il faut que nous nous soutenions ensemble. Toute mon énergie sera mise en l’honneur de mon fils disparu… ». Son fils y a laissé sa vie, la fille de Me Halidou Ouédraogo également. Autre axe du protocole pour cette journée de souvenir et d’hommage, trois dames et trois hommes ont été chargés de lire les noms de toutes les victimes. Et là aussi, les sanglots d’une des dames ont retardé pour un moment sa lecture des noms. Mais tant bien que mal ici aussi, tous les 117 noms des victimes ont été rappelés à l’assistance.

Les parents entre prière et espoir

Dans cette salle à moitié pleine, mais entièrement conquise par l’émotion, les hommes de Dieu et les coutumiers ont apporté leur part de réconfort. Le Représentant du Cardinal Philippe Ouédraogo, le Représentant du Révérend Pasteur Président de la FEME au Burkina, le Grand Imam Représentant Cheick Aboubacar Doukouré pour la communauté musulmane et le Représentant de Sa Majesté le Moogho Naaba Baongo pour la chefferie coutumière ; c’est à tour de rôle qu’ils ont pris la parole, qui pour dire une prière, qui pour relayer des bénédictions. Avant la sonnerie aux morts ; avant les condoléances réitérées des autorités à la trentaine de représentants des familles des victimes. Des parents de victimes qui trois mois après le drame, n’ont toujours pas d’explication au malheur qui est arrivé à leurs proches.
Pour le Général Gilbert Diendére, « Cela va prendre malheureusement un peu plus de temps que nous l’aurions souhaité, et nous attendons toujours des résultats à vous communiquer… Dans ce genre de situation, l’expérience a montré qu’il faut quelques fois malheureusement des années, et il nous faudrait pas moins d’une année encore afin de pouvoir trouver quelque chose comme résultat ». Un retard en partie imputable à la difficulté qu’il y a à lire la deuxième boîte noire, celle susceptible de donner davantage d’informations sur les circonstances du drame. Pour les autres aspects, « L’identification des restes continue, elle n’est pas terminée, nous pensons que courant janvier nous pourrons être situés sur l’ensemble des restes que nous avons pu récupérer et qui se trouvent pour la plupart à Paris pour l’expertise », complète le président de la cellule de crise.

Le message de compassion et de solidarité du gouvernement

A l’occasion, le Secrétaire général du gouvernement qui est venu traduire le message de « Compassion et de solidarité » du Premier ministre n’a pas manqué de rappeler que l’exécutif est tout disposé à accompagner les parents des victimes dans cette quête de vérité. Et ce message plus qu’apaisant de Me Halidou Ouédraogo : « Je pense qu’il nous faut garder espoir parce qu’on finit par savoir. C’est vrai que ça ne nous rendra pas nos chers disparus mais au moins pour que cela ne se répète pas et pour qu’ils reposent en paix, nous avons un devoir de vérité et de situation des responsabilités.

Samuel Somda
Lefaso.net