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Mutilations Génitales Féminines : 36 victimes d’excision, les acteurs crient au scandale
       
Le Burkina Faso s’est engagée dans une lutte sans merci contre les Mutilations Génitales Féminines (MGF) depuis quelques années. Au moment où tous les acteurs parlent de « tolérance zéro » en 2015 sur la pratique de l’excision, la réalité est tout autre sur le terrain dans la région du Nord. Pour preuve entre les mois d’Août et Octobre 2014, des jeunes filles dont l’âge est compris entre (5 et 19ans) ont été victimes d’excision.

La région du Nord a enregistré des cas de mutilations génitales féminines les derniers mois mettant dans le regret les acteurs de la lutte contre cette pratique avilissante. Officiellement ce sont (17) filles au Yatenga, (11) au Zondoma, (06) au Loroum et (02) au Passoré qui ont subi l’ablation de leurs clitoris. La Direction Régionale Nord de l’Action Sociale et de la Solidarité Nationale et ses structures déconcentrées malgré les efforts se sentent désemparées. Antoine Kaboré en sa qualité de nouveau directeur régional de l’action sociale, dit mettre un point d’honneur pour combattre le phénomène. En rapport avec la situation, M. Kaboré envisage renforcer les actions de lutte contre les MGF en poursuivant la sensibilisation à travers les activités connues et pratiquées dans une synergie d’actions avec les structures accompagnantes pour plus d’efficacité. A cela, indique le directeur régional « il va falloir que l’on puisse appliquer la loi dans toute sa rigueur aux contrevenants afin de dissuader les potentiels pratiquantes des MGF et leurs complices. »

Des cas de complication à Gourcy

Au moment ou l’indignation est à son comble la pratique se poursuit dans la clandestinité dans les faubourgs de Gourcy plus précisément dans le village de Fourma ou 4 quatre filles dont l’âge est compris entre 5 et 19 ans ont hélas été victimes des bistouris des exciseuses. En effet ses filles évacuées au Centre Médical avec Antenne chirurgicale de Gourcy le 17 octobre 2014, ont été excisées jusqu’au 3ème degré et deux d’entre elles présentaient un début de surinfection à en croire le Dr Soma Dieudonné, médecin chef du district sanitaire de Gourcy.

Trouver des solutions face à la persistance du phénomène dans le Nord

C’est une triste réalité qui nous surprend après tant d’activités, d’engagements des autorités, des leaders communautaires, des parents que la pratique persiste après l’organisation des caravanes, des sensibilisations à travers les radios locales a indiqué de prime abord Béloum/Ouédraogo Cécile présidente de l’ONG Appui Moral Matériel et Intellectuel à l’Enfant (AMMIE). Je ne comprends pas que les gens ne perçoivent toujours pas la dangerosité de l’excision. « Il va falloir que nous revoyons les attributions des comités de veille qui existent dans tous les villages du Yatenga et l’impact des actions des organisations à base communautaires (OBC) qui sont dans le circuit de la lutte, et que l’on se dise la vérité car pour ma part soit ils sont complices soit ils ont baissé la garde par inefficacité. » a lancé avec amertume madame Béloum dont la structure a été financée dans le cadre du projet de renforcement de la participation communautaire dans la lutte contre les MGF. Même si la réparation des séquelles est à l’ordre du jour en ce moment, en attendant la tenue des audiences foraines programmées par le Tribunal de Grande Instance de Ouahigouya dans quelques jours, il n’est pas de trop d’insister pour faire savoir que les MGF constituent une pratique aux conséquences multiples et néfastes. Que tous les acteurs redoublent d’ardeurs dans une approche participative et multisectorielle pour l’élimination de ce fléau qui sème encore la désolation dans de nombreuses familles dans la région du Nord.

Yann NIKIEMA
Lefaso.net