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Religion : A quand le premier saint du Burkina ?

Le 10 mai 1980, au moment où le pape Jean-Paul II achevait la messe de sa première visite au Burkina, s’éteignait Dii Alfred Diban Ki-Zerbo, premier catéchiste du Burkina. Quinze ans plus tard, le processus de sa béatification était engagé par son diocèse d’origine. A l’occasion du 34e anniversaire de son décès, et au lendemain de la canonisation des papes Jean-Paul II et Jean XXXIII, nous avons voulu savoir où en est le processus. Les explications de l’abbé Jacques ZERBO, responsable du Comité de Relance de la Cause de Dii Alfred.

Pouvez-vous nous rappeler qui était Dii Alfred Diban ?

Abbé Jacques ZERBO :
Sans exagération, on pourrait dire que Dii Alfred Diban est une grande figure des premières heures de l’évangélisation dans la Haute-Volta d’alors devenue Burkina Faso aujourd’hui.

Son nom était DIBAN. Il est né vers 1878 à Da, une localité située à une vingtaine de kilomètre au nord de Toma, à une époque où, l’Afrique de l’Ouest était envahie par des puissances occidentales.

Un jour, DIBAN est capturé et vendu comme esclave. Cet exode forcé l’emmène dans une région éloignée, l’actuel Mali. Après plusieurs tentatives infructueuses d’évasion, une nuit, il fait un rêve. Dans son rêve, il voit une femme Blanche d’une très grande beauté lui annonçant sa libération prochaine de l’esclavage. Quelques jours après son rêve, il réussit enfin à s’enfuir alors qu’il gardait le troupeau de son bourreau de maître. Pour échapper totalement à ses poursuivants, il dût passer toute une journée et une nuit entière dans l’eau du fleuve camouflé entre les roseaux.

De l’esclavage à la liberté

Sauvé des eaux, transis de froid, des piroguiers le conduisent dans un campement où vivaient libres, des hommes et des femmes sous la tutelle des Pères Blancs (Missionnaires d’Afrique).

Le 11 mars 1899, comme le note le diaire de la mission, Diban arrive à Ségou en compagnie du Père Garlantézec. La première visite de DIBAN dans ce nouveau campement appartenant aux Pères Blancs, fut la case-chapelle. Surprise et émotion devant la statue de la Vierge Marie. Diban venait de reconnaitre la très belle femme qui lui était apparue dans le rêve lui annonçant sa libération.

Travailleur infatigable et zélé parmi les jeunes de son âge avec qui il partageait le dortoir, Diban se distingua bien vite par son intelligence et son savoir-faire. Au lieu de quatre années de formation catéchétique, comme cela était en vigueur, les Pères estimaient qu’il était suffisamment instruit au bout de deux pour recevoir le baptême.

En 1901 Diban reçu le baptême à Banankourou des mains du Père FICHIEUX, sous le nom de d’Alfred ; mais comme prédisant son avenir, le père décida de lui adjoindre un second nom ; car disait-il : « J’ajoute le nom de Simon, à cause de de ton cœur, de ta foi et de ton courage. Car je vois que sur toi on peut construire une Eglise solide ».

Du baptême à l’engagement missionnaire

C’est ainsi que Diban devenu Alfred Simon embrasse la foi chrétienne. Alfred Simon gagne très vite la confiance des Pères Blancs et devient leur cuisinier, leur maçon et leur auxiliaire (catéchiste) pour l’annonce de la Bonne Nouvelle. En 1904, il épousera Louise Coulibaly, une sénoufo prise à Samory avec d’autres jeunes filles et confiées aux sœurs pour leur formation. Commence alors l’aventure de la mission aux côtés de ses nouveaux maîtres qu’il ne devait plus jamais quitter.

- Le 3 septembre 1903 Alfred Simon fait partie de l’expédition destinée à la mission de Ouagadougou (Burkina Faso) déjà fondée en juin 1901.
- En 1906 il faisait partie de la mission pour la fondation de Navrongo.
- En 1912, ce fut la fondation de la mission de Réo (Burkina faso).
- Finalement en 1913 ce fut la fondation de la paroisse Sacré Cœur de Toma aujourd’hui centenaire, près de son village natal d’où il était parti, bâillonné quelques années plus tôt. De 1917 à 1970 le cahier des baptêmes (IAM - In articulo mortis) porte essentiellement le nom d’Alfred Simon, ce qui atteste de son assiduité à visiter les malades et à assister les mourants au-delà de ses 90 ans. Il mérite ainsi le surnom de « Dii », Papa, grand père dans la foi. Partout où il se rendait avec les Missionnaires d’Afrique, Alfred Simon Diban Ki Zerbo mettait toute son énergie et sa foi dans l’œuvre de l’évangélisation à laquelle il participait activement.

La fin d’un géant dans la foi

A la faveur de l’année sainte 1975, pratiquement à l’âge de cent ans, il effectua un pèlerinage à Rome où il est reçu par le Pape Paul VI qui le laisse assis sur son trône des audiences privées. Ainsi le jeune gardien de chèvres voltaïque, esclave racheté par les Pères Blancs se retrouve face à face avec le Vicaire du Christ. L’occasion était belle pour dire merci à Dieu pour la véritable liberté recouvrée grâce aux missionnaires ainsi que la vie nouvelle qui lui a été communiquée à travers les dédales de la vie.

Le 10 mai 1980, le Pape Jean-Paul II est en visite au Burkina. Il célèbre une messe au milieu d’une foule innombrable à la place de la Nation. Pendant ce temps, le patriarche Dii Alfred Simon Diban âgé de 105 ans, malade et couché sur un lit d’hôpital à Yalgado, écoute la messe papale radiodiffusée. Il venait de recevoir des mains du Cardinal Gantin, l’onction des malades à la demande du pape. A la fin de la messe, au moment où le Pape renvoie les fidèles après sa bénédiction apostolique, Dii Alfred Simon Diban rend l’âme, comme pour dire : « tout est accompli ». Le juste ne meurt pas, il s’endort dans le Seigneur. Qu’il repose en paix.

En quoi consiste la cause de sa béatification ?

Abbé Jacques ZERBO
Une cause de béatification est l’aboutissement d’un procès conduit d’abord à l’échelon diocésain, puis au Saint-Siège, établissant successivement qu’il n’y a rien de contraire à la foi et à la morale chrétienne dans les écrits du serviteur, ou de la servante de Dieu (s’il y en a eu), et qu’il ou elle a pratiqué les vertus à un degré héroïque, et qu’un miracle, reconnu par décret « super miro », est attribuable à son intercession.

Dans ce cas, un acte solennel du le pape déclare qu’un vénérable serviteur de Dieu est au ciel. Il peut désormais être appelé bienheureux, et sa fête peut être célébrée, pour des groupes déterminés de fidèles et en des lieux déterminés selon le droit. Cette déclaration est promulguée par lettre apostolique, en forme de bref pontifical, sub annulo piscatoris (sous l’anneau du pêcheur), signée par le secrétaire d’Etat. La béatification est la première étape vers la canonisation éventuelle.

Pour être complet, disons que les actes de béatification et de canonisation ont pour but de proposer en exemple au peuple chrétien, le témoignage d’un des membres défunts de l’Église et d’autoriser ou de prescrire un culte public en son honneur. Les deux actes de béatification et de canonisation se distinguent par le degré d’extension du culte public. Celui du bienheureux est limité à une zone prévue par le Saint-Siège. Celui qui est saint, est autorisé voire prescrit partout dans l’Église universelle.

Depuis quand cela date-t-il ?

Abbé Jacques ZERBO
En ce qui concerne la cause de Dii Alfred Simon Diban Ki Zerbo, disons que les choses ont commencé en mai 1995, lorsque Mgr Zéphirin Toé rappelé à Dieu en novembre 2013, mandaté par ses frères évêques de la Conférence Episcopale Burkina Niger se rendit à Rome afin de rencontrer les responsables de la Congrégation pour la cause des saints. Il fut encouragé par le responsable de l’époque, le Père Yvon BEAUDOIN. Celui-ci lui montra le chemin à suivre et s’engagea à donner des conseils à l’équipe qui y travaillerait.

Qu’est-ce qui a été fait depuis lors ?

Abbé Jacques ZERBO
Dès lors, le premier travail fut de nommer un Postulateur ainsi que des membres de deux commissions canoniques et complémentaires pour le travail à réaliser :
- Une commission de trois historiens pour étudier les divers aspects de la vie du Serviteur de Dieu. - Un tribunal de 3 prêtres, chargé de faire les enquêtes sur sa sainteté : 41 témoins avaient été choisis pour être interrogés.



Le Postulateur demanda le "nihil obstat ex parte Sanctae Sedis" une espèce d’autorisation qui fut accordée le 12 janvier 1996. Le travail d’enquête a été mené avec persévérance par le tribunal pendant trois ans, jusqu’à épuisement des 41 témoins qui ont connu Alfred Diban et ont pu parler de sa vie et de ses vertus. Ce travail a été poursuivi également sur le plan historique par les trois historiens qui ont pu consulter toutes les archives qui parlaient d’Alfred et des milieux dans lesquels il a vécu. Toutes ces recherches ont été consignées dans 950 pages de documents.

Le 7 mai 1998, Monseigneur TOE, accompagné du Postulateur et du secrétaire porta les documents à la Congrégation pour la Cause des Saints. Ils ont été déposés à la chancellerie de la Congrégation. Comme les normes de Rome l’exigeaient, Monseigneur TOE nomma, avec son accord, un Postulateur qui suivrait la Cause à Rome.

Ce Postulateur fit une demande d’ouverture du procès. Cette ouverture fut officiellement accordée en juin 1998. Il fit alors une deuxième demande pour la reconnaissance de la validité du procès. On examina alors si nos documents étaient conformes aux normes demandées par la Congrégation. Non habitués à ces réglementations minutieuses, nous avons dû, à la demande de la Congrégation, faire quelques corrections. Enfin une lettre en date du 7 octobre 2000, venant de ladite Congrégation pour la Cause des Saints, nous signifie que « par décret du 26 mai 2000, la validité est accordée à l’enquête diocésaine relative au Serviteur de Dieu Alfred Diban KI-ZERBO, « sanatis sanandis ». Par ce décret la cause est officiellement ouverte. Malheureusement, aucune autre activité n’a été engagée ni au niveau national, ni au niveau diocésain pour la suite, comme si le seul décret sur la validité des travaux au niveau diocésain suffisait. Un peu comme le cultivateur qui irait semer son champ dès la première pluie, et passerait le reste du temps à dormir… Il faut enregistrer 9 années de sommeil pour la cause où les choses sont restées à l’état.

La cause a réellement redémarré après une rencontre du 30 avril 2009, convoquée et présidée par Monseigneur Jude Bicaba évêque de Dédougou. Un Comité appelé CRCDA (Comité de Relance de la Cause de Dii Alfred) a été mis en place, avec un responsable, un secrétariat permanent et des sous-commissions. A ce nouveau Comité, Mgr Toé devait remettre un lot de lettres reçues d’un peu partout donnant des témoignages et des faveurs reçues.

Quelles sont les grandes difficultés rencontrées ?

Abbé Jacques ZERBO
Je situerai les difficultés concernant la cause de Dii Alfred à plusieurs niveaux. Le premier niveau est celui de l’animation de la cause. Animer la cause, c’est faire connaitre la vie du Serviteur de Dieu par tous les moyens : audiovisuels, émission à la radio, à la télé, conférences, composition de chants, de théâtre, projections cinématographiques, écrits etc. Un projet de film est sur pied et pourrait contribuer à faire connaitre le Serviteur de Dieu au-delà même de nos frontières. L’animation doit susciter naturellement vis-à-vis du Serviteur de Dieu de la sympathie et de la confiance, au point qu’on peut oser lui confier des soucis, des préoccupations, des miracles pour les causes humainement impossibles.

Mme Silvia Monica une espagnole, docteur en Droit, qui a beaucoup travaillé dans les cas de béatification de religieuses en Europe, avait lu le livre du professeur Ki-Zerbo sur la vie de Dii Alfred. Elle était disposée à porter un coup de main en cas de procès de béatification. Après une dizaine d’année, son zèle pour la cause ne s’est pas effrité. Elle est notre actuelle postulatrice à Rome, pour la cause de Dii Alfred. Elle insiste sur cette animation si nous voulons faire avancer la cause.

Le second niveau de difficultés concernant la cause, ce sont les finances. Cela parait curieux qu’ici aussi l’argent fasse irruption. Même ici, sans argent, on ne peut rien faire. Nous n’avons rien à offrir à Sylvia Monica, donc nous ne pouvons rien exiger d’elle. Elle évoluera donc à son propre rythme. Comment se déplacer pour les conférences, les émissions à la radio, à la télé, comment impliquer les artistes les mains vides.

Le troisième niveau de difficultés concernant la cause, c’est la mobilisation nationale. Au JNJ (Journées Nationales de la Jeunesse catholique), les jeunes ont questionné sur l’apport des autres diocèses. Le contenu de la réponse ne pèse pas beaucoup. Hommage est cependant rendu au diocèse de Koudougou, à la paroisse de Réo qui a connu Dii Alfred dans les premiers pas de l’évangélisation, et qui le lui rend bien.

Comment passer du diocèse de Dédougou, aux diocèses de la Province Ecclésiastique, et du Faso, comment impliquer concrètement toute l’Eglise famille qui est au Burkina dans la cause. Sans cette implication, je crains que la Cause ne soit mort-née.

Un saint dans l’Eglise n’a ni race ni nation, il appartient à tous, comme Dieu est à tous. Le CRCDA en l’état actuel n’aura aucun rayonnement tant qu’elle demeurera dans le seul giron du diocèse de Dédougou.

Alors je me permets de rêver. Et si une commission épiscopale pour la cause des saints voyait le jour au Faso ? Et si les radios catholiques se saisissaient de la cause, en attendant d’autres causes ? Et si la jeunesse chrétienne catholique nationale faisait le pari de la cause en attendant d’autres causes ? Et si le 10 mai, anniversaire du retour vers le Père céleste de Dii Alfred était marqué dans tous les diocèses du pays ? Et si …. Et si……..

Vous êtes à la tête d’un comité de relance de cette cause ; en quoi consiste votre travail ?

Abbé Jacques ZERBO
Etre à la tête d’une telle entreprise ne signifie pas grand-chose. C’est un travail d’équipe. On joue ensemble, et chacun joue sa partition pour que l’harmonie soit réelle. En tant que responsable du CRCDA, mon travail est un travail de coordination de l’ensemble du CRCDA, version diocésaine. Sylvia Monica qui est notre postulatrice à Rome est en lien direct avec l’abbé Emile Simboro, qui est le vice-postulateur au niveau du CRCDA. Les sous-commissions Finances, Animation, et Intercession fonctionnent au ralenti. Les bonnes idées ne sortent pratiquement pas des placards. Ainsi je ressemble plus à un général qui va en guerre sans troupes et sans équipements. Je vous laisse le soin d’imaginer la suite… Par moment, je me demande si je n’ai pas été au mauvais endroit, au mauvais moment.

Qu’attendez-vous comme contributions des uns et des autres ?

Abbé Jacques ZERBO
J’attends d’abord qu’on prenne la cause au sérieux. La prendre au sérieux, c’est y croire. Et quand on croit à une chose, on avance comme les Cœurs-Vaillants avec le slogan, « Rien d’impossible ».

La première contribution des uns et des autres, c’est de s’imprégner de la vie du Serviteur de Dieu Dii Alfred Simon Diban Ki-Zerbo, afin d’éviter de parler à propos de…, mais de parler de… chaque fois qu’on l’évoque. Ce sera la manière de rencontrer cet homme, bien de chez nous, un « honnête homme » voltaïque-burkinabè, que le Seigneur a mis sur la route, notre route commune en tant que chrétiens, pas par hasard, comme le diraient certaines personnes. Se peut-il que la Providence soit passée par là, pour l’associer à l’évangélisation de ce pays ? J’ose le croire.

Enfin la contribution que j’attends des uns et des autres, c’est un pari d’ensemble autour de cette cause. Ce pari sera une des nombreuses manifestations de l’option de l’Eglise famille. Une véritable famille bat au rythme d’un seul cœur. C’est son action qui irrigue l’ensemble du corps. Si le pari était osé, des générosités pourraient financer en partie ou en totalité les frais de l’animation. Qu’il me soit permis de dire ici merci à quelques personnes qui ont fait des gestes allant dans ce sens pour que la cause avance.

Combien de temps peut durer le procès en béatification ?

Abbé Jacques ZERBO
Le moins que l’on puisse dire c’est que la procédure est longue et couteuse. Elle paraitra encore démesurément longue pour nous qui bâtissons nos maisons en banco en une semaine. C’est pour cela aussi qu’une bonne pluie d’une demi-heure suffit à l’ébranler. Un procès de béatification peut prendre plusieurs dizaines d’années. Pour preuve, certains saints bien connus ont attendu parfois plusieurs siècles leur consécration. C’est le cas de Jeanne d’Arc, morte en 1431 et canonisée seulement en 1920. La longueur de chaque procès est toujours l’objet de commentaires.

Le pape Jean Paul II, dont le règne a vu un grand nombre de canonisations, a été critiqué, à cause de la rapidité avec laquelle, il canonisait les saints. On le lui rend bien d’ailleurs avec sa propre béatification ce dimanche de la Miséricorde. Signalons en passant qu’au Moyen Age, l’Eglise catholique romaine a également connu des canonisations très rapides. Parmi les records figurent Thomas Becket canonisé en trois ans, Pierre de Vérone et Antoine de Padoue canonisés en seulement un an. Dans les derniers siècles, la canonisation la plus rapide fut celle de Jose maria Escriva de Balaguer fondateur de l’Opus Dei (27 ans), juste avant celle de Thérèse de Lisieux 28 ans).

Nous ne sommes qu’à la 34ème année du décès du serviteur de Dieu Dii Alfred Simon Diban Ki-Zerbo. Mgr Toé de vénéré mémoire nous confiait à une des rencontre du CRCDA : « Ne croyez surtout pas que la cause avancera vite comme sur des roulettes, rappelez-vous que c’est à force de persévérance, après plusieurs tentatives que Alfred a réussi à s’évader, c’est à force de persévérance que la cause aboutira également. »

Y a-t-il déjà eu des signes manifestant le charisme de Dii Alfred Diban ?

Abbé Jacques ZERBO
Des signes manifestant le charisme de Dii Alfred, nous en avons très certainement. En la matière, il faut faire une distinction entre une faveur qui est une grâce de satisfaction reçue et un miracle qui par principe est extraordinaire, sans aucune explication naturelle.

Nous enregistrons en ce jour des dizaines de témoignages de faveurs reçues venant du Burkina, de la Côte d’Ivoire, de la France. Ce sont des correspondances adressées à titre privé à feu Mgr Toé. Elles proviennent de pères et mères de famille aux prises avec les dures réalités de la vie et qui se confie à Dii Alfred, de jeunes scolarisés, de religieux religieuses. Les témoignages issus de la France proviennent d’hommes et de femmes de 75, 65 : 61 ; 54 ans. Nous n’avons pas encore dépouillé les cahiers affectés à cet effet dans toutes les paroisses du diocèse. Ils en contiennent surement.

En février 2010, Sylvia Monica notre postulatrice nous communiquait avec empressement que Rome était à la recherche d’une figure africaine pour une béatification éventuelle. Pour cela il fallait envoyer urgemment les cas de miracles déjà recensés et disponibles. Il y avait à peine une année que nous avions créé le CRCDA. Ce fut une course contre la montre pour retrouver un dossier à Yalgado (qui venait de vivre des inondations de septembre 2009), et un couple de catéchiste déclaré stérile, afin d’envoyer quelque chose. Nous n’avions que des dossiers incomplets : mais Il était visiblement déjà trop tard : Je demeure convaincu qu’il existe plein de témoignages dans l’ombre. Les gens semblent hésitants se demandant si la cause est d’église, de toute l’église du Faso, ou si elle est particulière. Un jour viendra où les gens témoigneront à visage découvert.

Cyriaque PARE
Lefaso.net