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Fièvre Ebola : propagation inédite en Afrique d’une maladie réfractaire

Pour l’heure, la fièvre Ebola a déjà tué 111 personnes : 101 en Guinée, 10 au Liberia, neuf cas suspects ont été détectés au Mali et plusieurs en Sierra Léone. Frontières qu’elle n’avait jamais franchies depuis son apparition il y a 40 ans en Afrique Centrale. Le mode de transmission de la maladie, ses symptômes la rendent encore sans médicament adéquat cliniquement parlant.

Semant la terreur dans son berceau qu’est l’Afrique Centrale (Soudan et RD Congo) depuis 1976, la fièvre Ebola surpasse les limites de la zone habituelle de contamination. Elle sévirait actuellement en Afrique de l’Ouest plus précisément en Guinée et ses voisins immédiats, le Libéria, la Sierra Léone et au Mali. Une propagation inquiétante d’un virus hautement mortel et extrêmement contagieux pour l’ensemble de la communauté internationale.

L’ONG Médecins sans frontières parle déjà d’une contagion "sans précédent". "Nous sommes confrontés à une épidémie d’une ampleur encore jamais vue par la répartition du nombre de cas sur le territoire (guinéen)", a déclaré Mariano Lugli, coordinateur de MSF à Conakry. Premier problème : sa dissémination. Le virus, très contagieux, a touché Conakry, forte de deux millions d’habitants. Deuxième souci : sa vitesse de propagation. Ebola est soupçonné d’avoir traversé d’autres frontières : neuf cas suspects ont été détectés au Mali, plusieurs autres en Sierra Léone.

Quand un virus emprunte le nom d’une rivière

La maladie à virus Ebola chez l’homme est due au virus du même nom et son taux de létalité (mortalité) peut atteindre 90%. Le virus est apparu pour la première fois en 1976, lors de deux flambées simultanées à Nzara (Soudan) et à Yambuku (République démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola, c’est de là qu’est venu le nom de la maladie.

Son mode de transmission

Le virus Ebola s’introduit dans la population humaine après un contact étroit avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques d’animaux infectés. En Afrique, l’infection a été constatée après la manipulation de chimpanzés, de gorilles, de chauves-souris frugivores, de singes, d’antilopes des bois et de porcs-épics retrouvés malades ou morts dans la forêt tropicale.

Il se propage ensuite dans les communautés par transmission interhumaine, à la suite de contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions, des organes ou des liquides biologiques de personnes infectées, ou de contacts indirects par l’intermédiaire d’environnements contaminés par ce type de liquides. Les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille peuvent également jouer un rôle dans la transmission du virus Ebola. Le sperme peut continuer de transmettre le virus jusqu’à sept semaines après la guérison clinique.



Des agents de santé se sont souvent infectés en traitant des cas suspects ou confirmés de maladie à virus Ebola. Cela s’est produit lors de contacts étroits avec les patients, lorsque les précautions anti-infectieuses n’ont pas été strictement appliquées.

Les sujets atteints restent contagieux tant que le virus est présent dans leur sang et leurs sécrétions.

Signes et symptômes

La maladie à virus Ebola est une virose aiguë sévère se caractérisant par une apparition brutale de la fièvre, une faiblesse intense, des myalgies, des céphalées et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhée, d’une éruption cutanée, d’une insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes.

Prévention et traitement

Il n’existe pas de vaccin contre la maladie à virus Ebola. Plusieurs vaccins en sont au stade des essais, mais aucun n’est disponible pour un usage clinique.

Les cas graves doivent être placés en unité de soins intensifs. Les patients sont souvent déshydratés et ont besoin d’une réhydratation par voie orale au moyen de solutions d’électrolytes ou par voie intraveineuse. Il n’existe pas de traitement spécifique. De nouveaux traitements médicamenteux sont en cours d’évaluation.

Dramane GUENE
RTB